Neodio : fabricant d'amplificateurs HIFI
  les formes et les couleurs du son
 

Au début des années 60, RCA introduisait sur le marché un transistor légendaire : le 2N3055, dont une paire permettait la construction d’amplificateurs audio susceptibles de fournir 40 W efficaces à une charge de 8 Ω. Le montage présenté ici s’inspire directement de l’esprit de cette époque. Ne comptant que sept composants actifs par canal, sa simplicité se conforme aux critères de conception alors en vigueur. L’amplificateur proposé ici délivre 45 W sur 8 Ω avec une tension d’entrée de 0,5 Veff.

Le signal d’entrée est appliqué sur la base de T1, dont l’émetteur reçoit via le diviseur R5 et R6 un signal de rétroaction prélevé à la sortie. Le courant de collecteur de T1, proportionnel à la différence entre ces signaux, est appliqué à la base de T2. Ce transistor, qui fournit le gain en tension de l’amplificateur, est alimenté par les résistances R8 et R9. En maintenant une tension quasi constante aux bornes de R9, le condensateur C6 produit un effet de bootstrap : R9 débite donc un courant indépendant de la tension de sortie dans la bande de fréquences audio.

Neodio : fabricant d'amplificateurs HIFI

Les transistors T4, T5, T6 et T7 constituent l’étage de puissance à symétrie quasi complémentaire. Au début des années 60, aucun transistor de puissance PNP de caractéristiques approchant celles du 2N3055 n’existait. L’astuce des ingénieurs de l’époque fut donc de pallier ce manque par une paire de Sziklay comportant un pilote PNP et un élément de puissance NPN, d’où l’idée de la symétrie quasi complémentaire telle que l’illustre le schéma. La diode D1 symétrise l’étage de sortie et contribue donc à réduire sa distorsion. Le transistor T3 a pour fonction de polariser et stabiliser le point de fonctionnement de l’étage de puissance, auquel il doit être couplé thermiquement. Cet amplificateur est alimenté par une tension asymétrique de 65 V environ, conformément aux usages de l’époque. Sa charge doit donc être couplée à l’étage de puissance par la capacité C10 de 4700 μF, qui offre aussi une certaine protection en cas d’avarie des transistors de sortie. L’amplificateur est dépourvu de limitation du courant de sortie. Cette lacune n’est pas forcément rédhibitoire, mais implique un minimum de prudence. Au reste, le fusible lent de 1,6 A en série avec l’alimentation limitera les dommages en cas de problème.

L’alimentation se compose d’un transforma teur, d’un pont redresseur, de quatre petits condensateurs et d’une capacité électrochimique de 4700 μF. Elle suffit pour deux canaux d’un amplificateur stéréophonique. Installée sur la face avant de l’amplificateur, la diode LED1 indiquera sa mise sous tension.

Le montage ne présente aucune difficulté particulière. Les transistors T3, T4 et T5 seront installés sur de petits radiateurs pour boîtier TO126 dont la résistance thermique n’excédera pas 20 K/W. Les transistors T2, T6 et T7 seront quant à eux installés sur un radiateur commun qui présentera une résistance thermique maximum de 2 K/W en utilisant des feuillets isolants et de la pâte thermoconductrice.

Avant la mise sous tension, la résistance ajustable P2 sera réglée pour offrir une résistance maximum, le fusible provisoirement remplacé par une résistance de 47 Ω 5 W et un voltmètre connecté aux bornes de R17. L’amplificateur sera alors mis sous tension. Le voltmètre devra indiquer 0 V. P2 sera ensuite prudemment ajustée pour obtenir une lecture de 15 mV qui correspond à un courant de repos de 50 mA. L’amplificateur sera alors mis hors tension, et le fusible substitué à la résistance. La différence de potentiel aux bornes de R17 devra encore être vérifiée et si nécessaire ramenée aux 15 mV prescrits.

Amusant à construire, sans prétention et ne requérant que peu de moyens, cet amplificateur présente cependant des qualités audio très agréables. Les mesures de distorsion donnent des résultats fort acceptables, même si elles ne produisent pas des nombres avec une quantité impressionnante de zéros après la virgule. Et n’oublions pas aussi qu’il s’agit d’explorer les techniques des années 60.